Les histoires

Né À La Mecque Du Free Riding

A Chamonix-Mont-Blanc, tous les free riders se sentent chez-eux d’une manière ou d’une autre – Léo Slemett y est né, tout court.

« Je me demande s’il existe un endroit similaire dans le monde », médite Léo Slemett, en se référant à Chamonix-Mont-Blanc, sa commune natale, et aux opportunités qu’elle lui offre pour vivre sa passion, le free riding. Il n’y a guère d’autres endroits aussi fortement liés au hors-piste que cette commune dans l’Est de la France, forte de 9 000 habitants. Chamonix passe pour « la Mecque du free riding ». Que ce soient les Grandes Jorasses ou les Grands Montets, ou encore sa majesté, le Mont Blanc, toutes ces montagnes possèdent de nombreux couloirs raides et des pentes impressionnantes, comme par exemple la route de la Vallée Blanche, célèbre dans le monde entier. Peu surprenant alors que le Freeride World Tour, et avec lui les meilleurs riders du monde, font tous les ans escale à Chamonix.

Une passion complexe

C’est déjà la troisième fois que Léo participe au tour en tant que rider. Celui-ci est d’une certaine manière comparable à la coupe du monde de ski alpin, mais aussi complètement différent. Comme chez les skieurs alpins, il s’agit bien du concours des meilleurs qui se mesurent lors de plusieurs épreuves, avec un gagnant final. Tout de même, les free riders ne sont pas comparables aux descendeurs, ils ne se battent pas pour des centièmes de seconde. Ils sont, en effet, jugés par un jury en cinq catégories : choix de ligne, fluidité, air & style, contrôle et technique. « Cela rend notre sport un peu plus complexe. Dans la coupe du monde de ski alpin, tu es plus ou moins rapide, un schéma facilement compréhensible. Pour s’intéresser à notre sport à nous, il faut probablement un peu plus de passion pour le ski », dit Léo.

Jusqu’à ses quatorze ans, Léo semblait parti pour une carrière de ski alpin. Mais un jour, il s’est rendu compte que le hors-piste lui faisait clairement plus plaisir que de s’entraîner pour le slalom ou le slalom géant. A 17 ans, il passe sa première compétition de free riding. Mais pourquoi le free ride le fascine-t-il autant ?  « Tu as beaucoup plus de possibilités pour réaliser tes idées. On te donne un endroit et on te laisse la liberté d’en faire ce que tu veux » explique Léo. « De plus, il n’y a aucune association derrière, il faut s’organiser soi-même. C’est certes un défi, mais en même temps un plus en liberté. Etre libre, c’est pour moi l’aspect qui compte. »

Chamoniard de naissance, Léo est bien sûr très demandé durant cet événement. Pourtant, il ne se voit pas comme une célébrité locale : « Il y a autant de bons athlètes à Chamonix, grimpeurs ou skieurs, n’importe. Pour être vraiment célèbre, il faut être fort d’abord. » Mais la performance n’a jamais été pour lui un but en soi.

L’avantage du terrain : dormir dans son propre lit

C’est tout de même un feeling spécial de participer à la compétition chez-soi, où on connaît les montagnes, où la famille et les amis l’attendent à l’arrivée. Y a-t-il un avantage du terrain dans ce genre de compétitions ? « Je ne pense pas, tout au plus celui de pouvoir dormir dans mon propre lit », rigole Léo, avec ses 22 ans. En général, il aime son pays natal : « Si tu vas dans un bar le soir après une journée de ski, tu rencontres énormément de gens avec qui tu échanges tes expériences de riding. Il y a toujours des gens qui partagent ma passion. »

Cette dernière phrase décrit bien l’ambiance qui règne parmi les athlètes du Freeride World Tour. A les voir la veille de l’événement au riders’ meeting, par exemple, on dirait une clique assez grande en vacances de ski ensemble, plutôt que des combattants solitaires qui se concurrencent régulièrement. « Bien sûr, chacun d’entre nous ressent la pression qui précède la compétition, mais il n’y a pas de jalousie. On partage nos points de vue, on parle du choix de ligne qu’on a en tête, on se respecte mutuellement », nous raconte Léo et il ajoute en riant : « Et parfois, on fait la fête après l’épreuve. » Que les free riders ont la réputation de prendre les choses un peu moins au sérieux que les autres athlètes de haut niveau ne le dérange aucunement. « Je trouve ça plutôt cool et je pense qu’il faut garder cet esprit. On est tous des pros quand-même, pourquoi ne pas montrer qu’on aime bien la vie en même temps ? »

Freeride World Tour

Texte: Matthias Köb // friendship.is
Photos: Dom Daher; Heiko Mandl // friendship.is

 

13 avril 2016

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