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«Ce N'Est Pas Juste Une Question De Temps»

55 kilomètres à travers les montagnes à 4 000 mètres d'altitude, c'est un défi que seuls quelques-uns sont capables de relever. Et pourtant le Trail des Patrouilleurs de Crans-Montana reste l'un des marathons alpins les plus abordables.

C’est dans une obscurité totale que cela commence. Pour les premiers coureurs qui parcourront 55 kilomètres à travers les montagnes, laissant derrière eux plus de 4000 mètres d’altitude, le signal de départ sera donné le dernier samedi en septembre à 5 heures du matin. Sur le visage d’Anouk Beytrison, organisatrice du Trail des Patrouilleurs, comme s’appelle la course, on ne peut pas voir le manque de sommeil des derniers jours.

Peut-être qu'elle a aussi eu un peu de l'adrénaline qui se trouve ici dans l'air frais du matin. Même maintenant, après le premier départ, et qu’un peu de calme soit revenu. 
La prochaine course commence à sept heures, pour tous ceux qui ne parcourent «que» 40 kilomètres et 3000 mètres de dénivelé. Alors le soleil se sera déjà levé et le ciel se présentera dans son plus beau bleu. Ensuite, il y a les petits tours de 25 et 15 kilomètres chacun et donc moins de dénivellations. «La course de 25 kilomètres est particulièrement populaire parce que de nombreux couples y participent» explique Anouk Beytrison. 
Dans les autres catégories, vous pouvez également concourir par paires ou par trois. «Beaucoup de gens trouvent ça très sympathique. C'est plus une question d'esprit d'équipe que de performance individuelle. Et puis il ne s’agit pas uniquement d’une question de temps, de temps, de temps.» Pour les enfants, il existe une mini variante pour courir dans la vallée. Et à la fin, tout le monde se retrouve là où tout a commencé: sur la place devant la patinoire qui se transforme ensuite en une fête colorée avec tombola, où l’on savoure raclette, gâteau et bière encore bien après la dernière arrivée.

Le Trail des Patrouilleurs existe depuis cinq ans. Cette année, 1200 passionnés de course à pied, dont 500 pour la première fois, participeront à la course. C’est l'une des plus faciles de la région alpine si on la compare avec l'Ultratrail de Chamonix avec 170 kilomètres, ou celle de Davos - St Moritz avec 127 kilomètres. Néanmoins, pour les 55 kilomètres, ce n’est pas gagné, surtout si l'on considère qu'il s'agit d'une montée assez raide. Le premier de ceux qui courent la plus longue distance de cette journée atteindra la ligne d'arrivée après 8 heures, 20 minutes et 47 secondes. C'est un peu plus long qu'une journée normale de travail. Sauf qu’à cet instant il n’est même pas encore 13h30. «Les gens aiment cette dureté. Plus ils font de sport, plus ils veulent en faire. Alors, cinq ou dix kilomètres ne suffisent plus», dit Anouck Beytrison. Ou un marathon courant avec 42 kilomètres de plat.

Des canapés au fromage à 3000 mètres d'altitude  

Changement de scène: Il est un peu avant 10 heures du matin à la station de montagne de la Plaine Morte, située à un peu moins de 3000 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ici, on se sent petit, même si l’on a une vue à 360 degrés sur les géants des Alpes comme le Cervin ou le Mont Blanc. Le vent froid cisaille, seulement au soleil il semble être moins violent. L'une des nombreuses équipes de bénévoles attend le premier coureur des 25 kilomètres, qui passera juste ici, avec des collations et des boissons. Il sera applaudi et photographié; l'air détendu, l'effort est à peine perceptible pour lui. Beaucoup d'autres suivront pendant plusieurs heures. 
Si l’on monte en gondole, comme le font beaucoup de parents et de supporteurs, on ne voit que des points colorés qui avancent lentement, presque en coulant, comme des globules rouges dans les veines des montagnes qui traversent un paysage paisible. Il n'y a pas de barrières, pas de musique, pas de stress. Courir ici, c'est presque de la méditation. 
«Le paysage est très ouvert et vaste. Courir ici, avec vue sur toutes les montagnes des Alpes, c'est tout simplement à couper le souffle», s’enthousiasme Anouck Beytrison, qui elle-même ne trouve guère le temps de courir depuis qu'elle s’occupe des Trails.

La préparation et la réalisation d'un événement de cette envergure nécessitent beaucoup de main-d'œuvre. «Nous sommes seulement que deux au sein du comité d'organisation», explique Anouck Beytrison, qui travaille maintenant sur le parcours toute l'année. Autour du jour J, ce sont plus de 100 bénévoles qui l’aident. Presque tous les ans, ce sont les mêmes personnes qui aident à la mise en place, qui s'occupent des coureurs en montagne, de la nourriture, des boissons et de tout ce qui touche l’organisation. «L'équipe est géniale et contribue à rendre l'ambiance si formidable.» Pourquoi s'inflige-t-elle ça ? «C'est le plus grand plaisir de faire plaisir à 1200 personnes d'un seul coup», dit l'organisatrice. C'est un argument convaincant.

Text: Heiko Mandl // friendship.is
Photos: Heiko Mandl // friendship.is

15 janvier 2019

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