Les histoires

Haute Volée Dans Les Alpes

Avec une piste d’atterrissage de seulement 600 mètres, l’altiport de Megève nécessite un pilote qui sache viser sa cible.

L’équipe de Best of the Alps vient d’arriver àl’altiport de Megève après un vol exaltant d’une demi-heure autour des montagnes oùvous vous retrouvez nez-à-nez avec les imposantes parois du Mont Blanc et au-dessus de son magnifique glacier bleu. Face au massif gris qui se rapproche de plus en plus de vous, vous vous arrêtez un instant de respirer et vous vous dites que si vous deviez mourir, ce serait le moment idéal. Mais cela n’arrivera pas sur ce vol. L’aéroport a des pilotes exceptionnellement bien entraînés, tous sous l’égide du célèbre Jacques Brun, personnage mégevan au charme hollywoodien, qui dirige l’aéroport depuis 1978.

Construit dans les années 1960 pour des Parisiens fortunés qui souhaitaient arriver directement àleur luxueuse destination d’hiver àpartir de Paris, l’altiport s’est transforméen lieu populaire pour les élèves-pilotes qui apprennent le grand art du vol de précision.

Et M. Brun, avec ses 50 ans de carrière dans l’aviation de montagne, est le parfait mentor. Pour un si petit aéroport, il s’avère parfois très fréquenté. «L’aéroclub entraîne 300 pilotes par an, chacun volant 3 000 heures par an et effectuant 15 000 atterrissages», explique le pilote qui arrive tout juste d’un petit-déjeuner à Montpellier en ce samedi matin ensoleillé, et qui porte le blouson en cuir de l’édition spéciale de la maison Allard, en l’honneur du 60e anniversaire de l’aéroport.

Qu’y a-t-il de si fantastique àvoler ? «Eh bien», M. Brun sourit avec malice, «je n’ai pas de voiture... donc, pour moi, le choix a étévite fait.» Né et élevé à Megève, il ne peut qu’aimer ce paysage majestueux.

je n’ai pas de voiture... donc, pour moi, le choix a étévite fait.

La situation unique de l’altiport, nichéentre les montagnes alpines escarpées, ne rend pas le pilotage d’un avion des plus aisés dans les environs. «Voilà pourquoi voler par ici est si intéressant», selon M. Brun. «Sur une piste normale, vous pouvez atterrir et décoller dans les deux directions. Ici, les pilotes décollent toujours en descendant la piste et atterrissent en la remontant, peu importe qu’il y ait un vent de face ou un vent arrière.» 

Àdes fins d’entraînement, il emmène ses élèves sur le glacier oùils apprennent àfaire atterrir les avions 5 places SAN Jodel D.140 Mousquetaire quel que soit le type de condition météorologique, des vents forts en altitude àla neige profonde au sol.

«Voler, c’est une bonne intuition et surtout de l’entraînement», dit-il. Et qu’en est-il de la météo? N’avez-vous pas besoin d’une sorte de sensibilité magique ? «Il vous suffit d’ouvrir les volets le matin et vous savez aussitôt ce qu’il en est.»

Texte: Sandra Pfeifer
Photos: David Payr // friendship.is

23 novembre 2016

Lire les histoires